Le chauffage au bois à Paris et en Ile-de-France est-il autorisé ?

Il y a ceux qui disent non, ceux qui affirment que oui... Eh bien oui, se chauffer au bois à Paris et en région parisienne, c'est possible ! La pratique est certes réglementée et fait l'objet de recommandations de la part des autorités locales, mais le chauffage au bois n'est pas interdit pour autant. On vous explique dans quelles mesures. 

Parce qu'il y a chauffage au bois et... chauffage au bois 

Le débat rejaillit chaque année ou presque quand la pollution atmosphérique atteint des pics à l'automne. Avec les véhicules à moteur thermique, et notamment les anciens diesel, un autre coupable se retrouve souvent sur le banc des accusés : le chauffage au bois, considéré comme la deuxième source de pollution atmosphérique, après le diesel. 

Et c'est bien là que réside la confusion justement, sur la notion de "chauffage au bois". Bien trop imprécise et englobant de nombreux cas de figure qu'il conviendrait pourtant de distinguer. Malheureusement, ce terme très "amalgamant" répété au fil des ans a fini par perdre de nombreux Parisiens et Parisiennes, Franciliens et Franciliennes qui ne savent plus vraiment qui et quoi croire. 
 

+ de 480 000
Le parc d'installations de chauffage au bois domestiques en Ile-de-France
(foyers ouverts, anciens et nouveaux appareils)

Que cache l'appellation "chauffage au bois" ? 

L'appellation "chauffage au bois" englobe les foyers fermés, les inserts, les poêles, les cuisinières, les chaudières, bref, tous les appareils fonctionnant au bois bûche ou au granulé de bois (pellets), ainsi que... les foyers ouverts ! 

Or, ce sont ces foyers ouverts - qui ne sont pas considérés comme des chauffages principaux du fait de leur très faible rendement (10 % maximum) - qui sont responsables de la grande majorité des émissions de particules issues du chauffage au bois. 

Souvenez-vous de cet article. Depuis le 1^er janvier 2022, il est interdit d'installer de nouvelles cheminées à foyer ouvert dans le neuf, parce que trop émettrices de particules fines (et encore davantage si le combustible utilisé est de mauvaise qualité) et parce qu'énergétiquement inefficaces. Voilà pourquoi elles sont la cible d’un gouvernement qui entend sensibiliser aux bonnes pratiques en matière de chauffage au bois et inciter les 600 000 Français propriétaires de ce type d’équipement à le remplacer par un appareil plus performant. 

L’ambition nationale est identique en Ile-de-France avec des campagnes d'information et des mesures incitatrices pour encourager à passer à l'action (le Fonds air de l'Ademe consiste à attribuer une aide financière aux propriétaires occupants utilisant un poêle à bois antérieur à 2002 comme mode de chauffage principal à la remplacer par un poêle de dernière génération. ). 

Les foyers ouverts exclus par les autorités ? 

Dans Paris intramuros, en zone sensible et dans le reste de l’Ile-de-France, les foyers ouverts sont interdits pour une utilisation en chauffage principal, mais ils restent autorisés pour un chauffage en appoint ou en agrément. 

Les autres appareils sont eux autorisés, à condition de respecter certains critères, comme le résume le tableau ci-dessous publié par la région Ile-de-France :   

Source : Région Ile-de-France 

Peut-on se chauffer au bois à Paris en cas de pic de pollution ? 

En plus des réglementations listées dans le tableau ci-dessus, il existe des situations particulières pendant lesquelles l'utilisation d'appareils de chauffage au bois peut être limitée ou interdite. En cas de pic de pollution dans la capitale et dans la zone Ile-de-France, deux cas de figure existent en fonction du seuil atteint. Voici ce que prévoit la loi : 

- Si le seuil d’information-recommandation pour les particules PM10 est dépassé, il est recommandé d’éviter l’utilisation du bois en chauffage individuel d’agrément ou d’appoint. 
- Si la procédure d’alerte pour les particules PM10 en période hivernale est déclenchée, le Préfet de Police peut décider, en lien avec les Préfets de Département, d’interdire l’utilisation du bois de chauffage individuel en appoint ou d’agrément. 

Ces textes figurent dans le Plan de protection de l’atmosphère (PPA) de la région Ile-de-France. 

Quel appareil choisir quand on habite Paris et l'Ile de France ? 

Aucune distinction entre la capitale et le reste du territoire. Il est simplement conseillé d'utiliser ou de choisir des appareils récents, conformes aux derniers critères du label Flamme Verte en matières de rendement et d'émissions. 

Attention, le remplacement d'un ancien appareil peu performant ou d'un foyer ouvert par un appareil de dernière génération ne dispense ni d'une bonne mise en œuvre technique (avec un bon dimensionnement de l'appareil et du conduit), ni des bonnes pratiques d'utilisation, d'entretien et de nettoyage nécessaires à toute installation de chauffage au bois. Et ce n'est pas tout... 

Comment choisir son combustible ? (et pourquoi c'est important) 

Le choix de l'appareil n'est en effet pas le seul facteur-clé. Le choix du combustible est également un facteur déterminant dans la qualité de la combustion et donc dans l'impact qu'a un chauffage au bois sur la qualité de l'air. 

Puisque l'on parle de bois bûche, gardez toujours à l'esprit ces trois critères fondamentaux. Il faut que le bois utilisé soit sec (taux d'humidité inférieur à 20 %), fendu et bien calibré, propre et écorcé. 

Dans son étude de 2017, le Laboratoire CÉRIC soulignait déjà le poids du combustible : « l’utilisation d'un combustible bois de qualité permet d’optimiser l’efficacité du système de chauffage (appareil et conduit) et de diminuer très fortement les émissions de particules. » 

Pour être tout à fait complet, la qualité de l'installation et de l'ensemble des équipements font également la différence, voilà pourquoi il est recommandé de faire appel à un installateur qualifié. 

À Paris, dans les zones sensibles et partout en France, la qualité de l'air est l'affaire de tous. Chaque utilisateur d'un système de chauffage au bois porte une certaine responsabilité et doit être conscient des impacts qu'il peut avoir s'il est mal employé, en mauvais état ou mal entretenu. Utilisé dans de bonnes conditions, il est en revanche un moyen de chauffage bas carbone, recourant à une énergie renouvelable, économique et très efficace énergétiquement. 

Avec les nombreux progrès réalisés par l'ensemble des acteurs de la filières bois (les fabricants d'appareils et de conduits de cheminées, les producteurs de combustibles, et les installateurs qui sont mieux informés et formés) et un public de plus en plus sensibilisé aux différents enjeux énergétiques et environnementaux, il n'y a pas de raison pour que le chauffage au bois n'ait pas sa place à la capitale.