Des agro-pellets pour remplacer le granulé de bois, une fausse bonne idée ?
Publié le 31/10/2022Des agro-pellets et des céréales sous forme de granulés pour remplacer les traditionnels granulés de bois dans nos appareils de chauffage domestiques (poêles et chaudières) … Voilà l’idée qui a germé dans les médias et sur les réseaux au moment où l’approvisionnement en granulés de bois était plus compliqué. Une idée qui refait surface de temps à autre.
Alors, est-il recommandé d’utiliser ce type de combustible alternatif avec un poêle à granulés de bois ou une chaudière à granulés de bois ? Le Laboratoire CÉRIC, qui s’est penché sur la question, le déconseille. Voici ses explications.
Mais au fait, qu'est-ce que le Laboratoire CÉRIC ?
Avant de démarrer, il est important de rappeler ce qu'est le Laboratoire CÉRIC et pourquoi sa parole est légitime sur ce sujet. Créé en 1991, le CÉRIC est le laboratoire référent en Europe dans les domaines de la cheminée et des énergies durables. C'est le seul à développer, tester et valider l’ensemble des éléments de la combustion (combustibles, conduits et appareils) au travers de ses trois activités principales : recherche appliquée, développement de produits et suivi qualité.
Le Laboratoire CÉRIC, en tant que laboratoire d’essais première partie du Groupe Poujoulat, dispose d’une double accréditation selon la norme NF EN ISO 17025 : 2017 (Portée disponible sur www.cofrac.fr) :
✔ Depuis 1999, sur les essais relatifs aux conduits de fumée métalliques
✔ Depuis 2016, sur les essais relatifs aux biocombustibles solides
L’accréditation apporte la garantie que les résultats d’essais sont obtenus selon des méthodes validées et des procédures conformes à des référentiels précis.
Entre agro-pellets et granulés de bois, une différence de composition qui compte
Si, visuellement, les deux types de granulés se ressemblent (forme, taille et parfois même couleur), l’agro-pellet et le granulé de bois se distinguent par leur composition :
- Le granulé de bois est issu de sciures de bois naturel et d’autres résidus de bois non traité.
- L’agro-pellet, présenté dans certains médias comme une alternative au granulé traditionnel, provient de la biomasse herbacée et fruitière. Derrière cette appellation, on retrouve les granulés de lin, de chanvre, de miscanthus, ou de fougère.
Et c’est justement cette composition qui disqualifie l’agro-pellet des recommandations d’utilisation des fabricants d’appareils, comme l’explique le CÉRIC :
« De manière générale, pour alimenter les équipements à granulés domestiques, les constructeurs recommandent l’utilisation de granulés de classe A1 selon la norme NF EN ISO 17225-2 (2021) [1]. Cette classe regroupe les granulés de bois fabriqués à partir de « grumes et sous-produits du bois non traités chimiquement ». Toute essence de bois respectant les caractéristiques exigées peut être utilisée dans ces appareils. Mais cette catégorie exclut d’office toute la biomasse herbacée ou fruitière qui ne possède pas des caractéristiques compatibles avec les installations domestiques. »
L’agro-pellet, non-usuel aux yeux de la NF DTU 24.1
S’il entre dans la catégorie des biocombustibles, l’agro-pellet est en revanche considéré comme non-usuel par la norme NF DTU 24.1 qui régit les systèmes d'évacuation des fumées de tous types d'appareils de combustion (chaudières, poêles, cuisinières, inserts, foyers ouverts), et tous types de combustibles usuels (gaz naturel ou GPL, fioul domestique ou lourd, charbon, bois en bûches, briquettes, granulés ou plaquettes).
À la différence des granulés de bois, qui sont des produits normalisés, les agro-pellets possèdent « des caractéristiques variables bien souvent incompatibles avec une utilisation domestique. »
Granulés de bois de classe A1 (classe requise pour les appareils à granulés de bois domestiques) |
Agro-pellets | ||
Granulés de miscanthus | Granulés de chanvre | ||
Cendres [% sec] | ≤ 0,7 | 2,4 | 3,4 |
Azote [% sec] | ≤ 0,3 | <0,3 | 0,68 |
Soufre [% sec] | ≤ 0,04 | 0,075 | 0,087 |
Chlore [% sec] | ≤ 0,02 | 0,066 | 0,024 |
Une teneur en cendres plus élevée que pour le bois, des taux d’azote, de chlore, ou de soufre potentiellement plus élevés… L’utilisation d’agro-pellets dans une installation domestique telle qu’un poêle à granulés de bois ou une chaudière à granulés de bois peut avoir des conséquences néfastes sur l’appareil, le système d’évacuation, la sécurité des utilisateurs et la qualité de l’air. Parmi les risques identifiés :
- Un encrassement accéléré des appareils avec risques de remontées de flamme dans la vis d’alimentation ;
- Une accélération de la corrosion de certains éléments du foyer et des conduits de fumée métalliques ;
- Une augmentation des émissions polluantes.
Et de conclure : « Ces agro-pellets doivent donc être utilisés dans des chaudières polycombustibles adaptées, sous contrôles et entretiens réguliers (…) mais en aucun cas, dans des appareils domestiques pour lesquels ces granulés pourraient causer des dommages irréversibles. »
Comme pour le combustible bois bûche que l'on utilise dans nos appareils à bois, tous les combustibles sous forme de granulés ne sont pas bons à brûler dans un poêle à pellets !
Et ce n'est pas tout. Non seulement l'utilisation de granulés de bois normalisés permet d'éviter les potentiels désagréments cités précédemment, mais en plus, leur taux d'humidité et leur pouvoir calorifique contrôlés permettent d'obtenir des performances de chauffage conformes à celles annoncées par le fabricant, avec à la clef, un meilleur fonctionnement de l'appareil, une installation de chauffage durable, et moins d'émissions polluantes dans l'air. Bref, il y a tout à gagner.
Comment reconnaitre les pellets de bois certifiés ?
Pour être certains de reconnaitre les granulés de bois compatibles avec les appareils domestiques que sont les poêles et les chaudières à granulés de bois, il faut se reporter à l'étiquette du produit. Le marquage doit indiquer NF Granulés Biocombustible Bois Qualité Haute Performance, DIN+ ou EN+, trois certifications qui s’appuient sur la norme NF EN ISO 17225-2.
> Consulter et télécharger l'étude complète du Laboratoire CÉRIC (octobre 2022)