Journée nationale contre la précarité énergétique
Publié le 22/11/2023Le 23 novembre, c’est la 3e édition de la journée nationale contre la précarité énergétique, une initiative portée par la Fondation Abbé Pierre et de plusieurs organismes impliqués dans la prévention de la précarité énergétique, la lutte contre l’exclusion et le réchauffement climatique. Cette journée de mobilisation a pour objectif de mettre en lumière un phénomène qui touche près de 12 millions de personnes en France, d’alerter l’opinion publique et d’interpeller les décideurs publics et privés.
Qu’est-ce que la précarité énergétique ?
La situation de précarité énergétique concerne les ménages souffrant du froid dans leur propre domicile en hiver. Les situations ne sont pas toujours les mêmes, mais les quatre cas de figure les plus courants sont :
- Une auto-restriction de chauffage pour minimiser les dépenses énergétiques du ménage,
- Une réduction de puissance ou une privation d’énergie par un fournisseur d'énergie pour factures impayées,
- Un système de chauffage inefficace empêchant de bénéficier d’une température acceptable sans surconsommation d’énergie,
- Une mauvaise isolation de l’habitat entrainant un inconfort thermique.
Ces difficultés, qui parfois s’accumulent, frappent en premier lieu les ménages les plus fragiles financièrement. Ceux-là même qui, malgré les différentes aides, ne peuvent se permettre d’engager des travaux d’amélioration énergétique (amélioration du système de chauffage et/ou amélioration de l’isolation du logement).
Qui est touché par la précarité énergétique ?
En France, près de 12 millions de personnes sont concernées (pour 5,6 millions de ménages).
Le nombre de foyers touchés par ce phénomène s’est amplifié ces dernières années avec la hausse du prix des énergies, la hausse des loyers, et l’inflation, trois facteurs accentuant la pression financière sur les ménages.
En 2023, 31 % des Français ont eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie, alors qu’ils étaient 18 % en 2020.
L’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) estime qu’en 2023, 79 % des foyers ont restreint le chauffage pour diminuer leurs factures.
Le nombre de personnes souffrant du froid chez elles augmente chaque année. Ce nombre était de 14 % en 2020, il est de 26 % en 2023. Pour 40 % de ces personnes, le froid résulte d’une mauvaise isolation du logement, mais pour 36 %, il s’agit de limiter les dépenses de chauffage (Source : Médiateur national de l’énergie, Baromètre énergie-info, 2023).
Quelles conséquences peut avoir la précarité énergétique ?
La sensation persistante de froid, donc l'inconfort thermique, est la première conséquence. Mais ce froid peut entrainer d’autres problèmes :
- Il fait peser plus de risque sur la santé (les enfants et les personnes âgées ou fragiles en sont les premières victimes),
- L’habitat est fragilisé (les problèmes d’humidité peuvent provoquer des problèmes de moisissures),
- Le calfeutrage des ouvertures, pour réduire les déperditions de chaleur, dégrade la ventilation du bâti et nuit à la qualité de l’air intérieur en empêchant son renouvellement…
- Ce calfeutrage augmente le risque d’intoxication au monoxyde de carbone qui pourrait résulter d’installations de chauffage inadaptées ou défaillantes.
Ce sont des conséquences en cascade qui peuvent avoir des conséquences sociales : impact sur la vie de famille, résultats scolaires des enfants, isolement, exclusion…
Quels leviers pour lutter contre la précarité énergétique ?
Différents dispositifs ont été mis en place par les pouvoirs publics pour aider les ménages à payer leurs factures d’énergie ou faire face à certaines dépenses (bouclier tarifaire, chèques énergie, indemnités inflation, revalorisations de certaines aides, Fonds de Solidarité Logement…).
L’interdiction progressive de mettre à la location les passoires thermiques est également entrée en application. Concrètement, il est interdit d'augmenter le loyer d'un logement classé F et G depuis août 2022. Ce plan prévoit aussi une augmentation progressive du niveau d’exigence jusqu’en 2050 pour obliger les propriétaires à rénover énergétiquement leur logement proposé à la location :
- 2023 : Interdiction de louer des logements classés G+ (concerne les logements dont la consommation annuelle en énergie finale est supérieure à 450 kWh/m²)
- 2025 : Interdiction de louer des logements classés G
- 2028 : Interdiction de louer des logements classés F et G
- 2034 : Interdiction de louer des logements classés E
- 2050 : Objectif 100 % de logements niveau BBC (seulement 6,6 % des résidences principales aujourd’hui)
Cette législation "anti passoire énergétique" (ou passoire thermique) vise non seulement à protéger des locataires souvent impuissants face à l’inaction d’un propriétaire, mais aussi à améliorer une performance énergétique des logements synonyme d’économies d’énergie et de meilleur confort thermique.
Pour poursuivre l’accélération des rénovations énergétiques des logements, l’État et les collectivités locales prévoient différentes aides financières (MaPrimeRénov’, réduction fiscale, voire exonération de la taxe foncière…). Ces aides sont accordées en fonction de certains critères, dont la nature des travaux, la nature des équipements, le type d'énergie, les conditions de ressources, etc.
Prévention, information, actions
Dans le cadre de la journée précarité énergétique du 23 novembre 2023 se dérouleront de nombreux évènements sur l’ensemble du territoire pour :
- Sensibiliser à la cause, rappeler l’existence et, malheureusement, la persistance et l’amplification du phénomène, comprendre ses leviers et ses impacts…
- Mener des actions (permanences, rencontres, infos, débats, ateliers, webinaires, etc.)…
- Informer et rappeler les dispositifs existants et les acteurs susceptibles d’accompagner les personnes en difficulté…
- Mobiliser plus largement.
> En savoir plus sur la journée précarité énergétique et découvrir les évènements près de chez vous.
10 gestes pour aller vers un habitat thermiquement plus confortable et moins énergivore
Voici plusieurs actions qui peuvent être engagées pour améliorer la qualité de vie au sein d'un logement. Certaines d'entre elles ouvrent droit à des aides :
1. Réaliser un diagnostic énergétique du logement. C’est essentiel pour identifier les points potentiels d’amélioration (isolation, système de chauffage, ventilation…).
2. Garder à l’esprit que la bonne isolation du bâti est une condition sine qua non à l’obtention d’une performance énergétique de qualité. C’est une condition préalable à tout changement d’équipement de chauffage pour éviter toute déperdition de chaleur et donc, tout gaspillage d’énergie.
3. Faire contrôler et entretenir le système de chauffage comme préconisé par la loi (appareils, conduits d’évacuation de fumée, sorties de toit si nécessaire…).
4. Équiper les radiateurs de robinets thermostatiques pour une meilleure maîtrise des températures de chauffage pièce par pièce.
5. Remplacer les anciens foyers ouverts (seulement 10 à 15 % de rendement énergétique, soit plus de 85 % de la chaleur générée perdue) par des appareils à bois récents dont les rendements sont désormais supérieurs à 80 %.
6. Favoriser, autant que faire se peut, la mixité énergétique dans le logement (gaz + bois, électricité + bois, etc.) pour bénéficier des avantages respectifs de chaque énergie, de leur complémentarité, et permettre une gestion sur mesure.
7. Intégrer le bois énergie dans son mix énergétique, l’énergie la moins chère du marché, pour aller vers un chauffage plus économique.
8. Pour un chauffage au bois bûche économique, performant et respectueux de l’environnement, n’utiliser que du bois sec (humidité inférieure à 20 %), bien calibré et propre.
9. Encourager tous les écogestes, ces petits gestes du quotidien pour consommer moins et/ou mieux.
10. Se faire accompagner par des professionnels et des organisations compétentes pour bénéficier de conseils adaptés à la situation (à la fois sur les aides disponibles mais aussi sur les travaux à réaliser). Chaque cas de figure et chaque configuration mérite une étude et une réponse personnalisées.